Chapitre 9 - Plan à trois.

Je n'irais pas par quatre chemin je suis enceinte. De qui, tu te doutes bien. Une semaine après la fameuse fête (et oui ça fait longtemps que je ne t'ai pas écris mon cher journal, tu m'excuseras je suis traumatisée) mes vomissements n'avaient pas disparu. Un petit rendez-vous chez le médecin plus tard et j'apprenais que j'avais un truc gluant dans mon uterus qui un jour allait me pomper mon argent et ma jeunesse si je le laissais devenir un véritable être. 

J'avais quelques semaines pour choisir de le garder ou pas, j'ai choisi de me prendre un congé pour me poser et penser, réfléchir. Ma mère m'a eu dans les même circonstances, j'étais un accident, maman ne me l'a jamais caché, mon père était un coup d'un soir, un homme de passage en ville, elle ne l'aimait pas et ne l'a jamais revu après ça. Quand elle a appris qu'elle était enceinte, son seul choix aura été de réfléchir ou pas. Et elle a choisi d'y penser, d'essayer d'imaginer sa vie, à 24 ans avec un enfant. J'ai fais la même chose. Au début, je me levais en haïssant cette larve qui grossissait dans mon estomac, en maudissant ma mère de m'avoir appris à réfléchir aux choix importants que le destin met devant nous. Et puis je me suis habituée à l'idée, je me suis dis que j'avais quelques économies pour permettre à ce futur enfant (faut pas déconner, avant un certain nombre de mois c'est pas humain, ni vivable ce qu'on a dans l'uterus hein) de vivre correctement. J'ai fais le choix de réfléchir, j'ai réfléchis à le garder, je l'ai gardé. 

Il ne me restait qu'à prévenir Don que je n'avais pas vu depuis quelques temps, les seuls échanges que nous avions eu étaient par mails, où il me demandait des nouvelles, essayait d'obtenir de moi un rdv pour qu'on parle, de moi, de lui, de nous. Il voulait un futur avec moi. J'avais des sueurs froides à m'imaginer quoi que ce soit entre nous. Mais je me devais de le prévenir, de l'informer. J'ai fais des conneries dernièrement, pas au point de cacher au père de l'enfant que j'attends, que ben... Il va être papa. 

Evidemment il a accepté avec joie, me proposant de le rejoindre dans un petit parc en ville dans la soirée. 

A peine arrivée, il m'a demandé de lui accorder une chance pour me prouver qu'il n'était pas l'enfoiré qu'il paraissait depuis qu'on se connaissait. Visiblement, il avait déjà tout prévu. Il m'a fait m'asseoir dans l'herbe, à passer son bras derrière moi et s'est mis à me parler des étoiles, qu'il aimerait bien un jour être astronaute, ou créer une entreprise de projecteurs à étoiles et de tout ce qui touche l'astronomie. 

Bon, j'avoue j'étais assez étonnée de le voir comme ça. Moi je le connaissais grande gueule, dragueur, petit con prétentieux qui se permet de traiter n'importe qui comme de la merde en expliquant par a+b que lui est l'homme parfait. Mais là c'était un Don assez cool, détendu, touchant presque...

« -J'admet que je passe une bonne soirée, si on m'avait dit que derrière Don Lothario se cachait un mec sympa, j'y aurais pas cru.

-Ah ben tu vois que je suis merveilleux.

-Tu rebaisses dans mon estime.

-Oh ça va, je plaisante ma p'tite. Bon et sinon, il me semble que tu voulais me dire quelque chose à l'origine ? »

Le grand moment était effectivement enfin arrivé, et finalement, j'apréhendais d'annoncer à Don la nouvelle. Il venait de passer toute sa soirée à faire en sorte que je lui laisse une chance de faire autrement partis de ma vie qu'en se détestant et en se faisant des crasses. Et bon sang, cet abruti avait réussi, le Don qui apparaissait devant moi me plaisait bien, il me donnait envie de davantage le connaître. Je redoutais de lui dire que j'étais enceinte de lui, et que je comptais garder l'enfant, je ne sais pas si ça me ferait que bien de pour la deuxième fois en peu de temps, me faire jeter par un garçon qui me plaît. (Don Lothario me plaît, t'y crois ça ?)

Mais je ne pouvais pas le lui cacher plus longtemps alors je me suis jetée à l'eau. J'ai vu ses traits se tendre, sa peau se faire plus pâle, mais surtout il restait absolument silencieux. Ce n'est qu'une fois que j'eu fini mon discours, qu'il s'est lancé.

« Ecoute Cerise, c'est euh... Assez dur ce que tu m'apprends là. J'ai envie d'être père, évidemment, mais maintenant ? Je viens d'avoir 22 ans, on est même pas ensemble, et la moitié de notre vie on s'est haït, enfin toi en particulier, tu sais bien que pour moi c'était différent. Je veux t'aider pour cet enfant aussi bien émotionnellement, que financièrement, je te demanderais juste de ne pas trop me mettre la pression. »

« Mon p'tit Don, si j'étais venue te mettre la pression ou quoi que ce soit, tu le saurais déjà depuis un moment. Je suis venue pour te prévenir voilà tout, que tu veuilles t'impliquer dans la vie de ce bébé ça me fait plaisir, mais je ne te demande pas de te forcer ou quoi que ce soit. Peu importe ce que tu veux faire, je respecterais ton choix. »

Et ce rendez-vous s'est terminé presque comme un vrai rendez-vous avec un petit bisou, et des étoiles dans les yeux.